dimanche 29 avril 2012

LES CHOSES SE COMPLIQUENT...


Extrait de “Le destin de Maya”

Telle que vous me verrez dans le Journal “L'Union” de Reims
Raoul qui ne pouvait pas passer un jour sans voir le bébé, rendait visite à sa fille tous les jours, en sortant de son travail, avant même de rentrer chez lui.
Cette préoccupation intriguait un peu Maya, non pas que son père vienne la voir tous les jours, mais la façon dont il regardait le bébé et elle-même : il semblait pensif à ces moments-là, comme si quelque chose le tourmentait.
Elle aurait bien aimé lui demander le pourquoi de cet état, mais elle ne voulait, en aucune façon, raviver en lui de vieux souvenirs qui semblaient pourtant le hanter.
Il passait de longs moments tenant Préty dans ses bras, la regardant et l’embrassant fréquemment avec une indicible tendresse : alors, il semblait vraiment heureux.
Un soir où il s’attarda davantage, Maya l’invita à manger avec elle et, bien entendu Raoul accepta aussitôt : c’était une bonne occasion pour lui de rester encore un bon moment auprès de sa fille et de sa petite-fille. Mais, ce soir-là ni Maya ni Raoul pensèrent à prévenir Poja.
Le repas terminé, Raoul prit congé des deux êtres qu’il aimait le plus. Il semblait heureux de la soirée qu’il venait de passer avec elles.
— Merci, chérie, à demain.
Pendant ce temps Poja attendait Raoul. Elle avait préparé le repas, mit la table, car son mari n’arrivait jamais en retard, en quittant son travail. Elle non plus n’avait pas eu l’idée de téléphoner chez Maya.
— Où es-tu allé, Raoul ? demanda-t-elle dès que son mari entra. Je commençais à m’inquiéter.
— Mais, ma chérie, chez notre fille.
— Viens manger... c’est certainement déjà froid, dit Poja résignée, sans demander d’autres explications.
— Mais, j’ai déjà mangé, Poja, chez notre fille.
— Je suppose que le téléphone était en panne, dit Poja avec humour. Tu aurais pu au moins me téléphoner. Je suis surprise que Maya ne l’ai pas fait elle-même.
— Excuse-moi, Poja, j’étais si enthousiasmé avec Préty que j’ai tout oublié.
Poja remarqua que Raoul semblait pensif et même quelque peu perturbé. Elle lui demanda :
— Qu’est-ce que tu as, Raoul ?
— Mais, je n’ai rien, Poja.
Poja se sentait blessée du fait que Raoul ne lui ait pas téléphoné et lui dit :
— Chéri, tu savais bien que je t’attendais, dit-elle. Je passe mes journées entre ces quatre murs en t’attendant, afin que tu me tiennes compagnie et tu n’as même pas eu deux minutes pour me téléphoner ! Que se passe-t-il ? Tu ne me sembles pas le même. Je t’aime, Raoul !
— Ne t’énerve pas, cela suffit pour aujourd'hui.
Mais Poja voyait bien qu’il y avait quelque chose… Elle insistait lourdement, car elle voulait à tout prix savoir ce qui se passait, car elle n'aimait pas le voir dans cet état.
Raoul, de son côté, ne voulait aucunement avouer à son épouse ce qui le tourmentait alors et, pensant pouvoir couper court à toutes ses interrogations, il alla dans le jardin. Mais il s’était trompé, car Poja le suivit et remarqua qu’il s’essuyait les yeux. Elle s’approcha de lui et, quand elle allait lui parler, Raoul lui dit d’une façon presque violente :
— Fiche-moi la paix, Poja !
(…)
Afin que la conversation avec Poja prenne fin, il revint dans la maison, prit sa veste et sortit, sans rien dire d’autre. Poja était de plus en plus étonnée, mais elle pensait qu’il reviendrait bien vite. Mais les heures passèrent et Raoul ne rentrait toujours pas. La tristesse qu’il ressentait et la curiosité de savoir ce que sa fille avait ramené du Portugal, le conduisirent vers la maisonnette au fond du jardin de ses parents.
— C’est le moment de visiter la maison, dit Raoul à lui-même. Je pourrai peut-être découvrir ce qu’elles ont caché ce jour-là !
Laurette Rocha